Création contre destruction


Papicha est un film dramatique franco-algérien réalisé par Mounia Meddour et présenté dans la section Un Certain Regard du festival.


Il s'inscrit dans l'Algérie des années 1990, en pleine guerre civile, imposant notamment aux femmes de porter le hijab. Cependant Nedjma, jeune étudiante, ne le voit pas de cet œil et décide de continuer sa vie de jeune femme libre en cousant et vendant ses robes aux jeunes filles d'Alger dans les toilettes de boite de nuit. Mais cette indifférence face à la réalité de la guerre lui coûtera plus d'un proche.


Nedjma est une jeune femme bien décidée à se battre contre le port du hijab, et plus généralement contre la soumission des femmes en Algérie. Malgré le meurtre de sa sœur, la destruction complète de ses robes et ses amis l'abandonnant à son combat, elle se relève toujours et ne doute jamais de ses convictions. Le personnage joue avec la séduction, la peur ou la terreur. Les cris et les pleurs lors de l'enterrement de sa sœur laisse entrevoir toute l'horreur d'être une femme dans un pays en guerre.
Samira, amie de Nedjma, vit sous le contrôle de son frère, qui l'a promise à un homme qu'elle n'aime pas. Elle va donc avoir une liaison avec un autre homme dans le secret jusqu'à tomber enceinte.
Wassila, quant à elle est l'opposé de Samira. Au début libre de ses pensées, en tombant amoureuse, elle tombera aussi dans la soumission.


Construction du récit
Le film commence par la fuite de Nedjma et de Wassila de la cité dans la nuit. Elles se changent et se maquillent dans un taxi clandestin. Arrêté par un groupe islamiste, elles doivent se cacher et mentir sur leur venue. Une fois le contrôle achevé, elles profitent de leurs soirées dans une boîte de nuit et Nedjma vend aux autres femmes des robes qu'elle a cousues.
Cette première séquence pose donc les principales problématiques du film: la guerre civile, la liberté, la peur et on devine l'importance des robes de Nedjma dans ce combat.


Une scène en particulier montre un tournant majeur dans le combat de Nedjma.
Lors du meurtre de Linda, sa sœur, celle ci portait un haïk que l'on venait de lui offrir. Cet habit, couvert de sang, est d'abord nettoyé. Puis, Nedjma part arracher des betteraves d'une manière assez violente et les fait bouillir dans de l'eau. Elle y trempe ensuite l’haïk de sa défunte sœur. L'eau, rouge, paraît comme du sang et le tissu plongé dedans est remué vigoureusement. Cette scène, qui paraît anodine, est plutôt violente et montre la fervente décision de Nadjma de se battre pour sa liberté et de monter un défilé de mode avec des vêtements confectionnés uniquement avec des haïk.


Le film fait des allers retours entre des scènes douces et des scènes de plus en plus violentes. D'abord avec le meurtre de Linda. Nous retenons cette scène glaçante par son manque de son, les pleurs étouffés de Nadjma et la caméra qui tombe en même temps que l’actrice. Et nous ne pouvons oublier l'une des scènes finales avec l'attentat lors du défilé. Cette scène bruyante et traumatisante montre des hommes auxquelles Nedjma faisait confiance, tuer ses amies.
La scène finale, plus douce, montre Samira, heureuse, sentant son enfant bouger dans son ventre. Elle partage ce bonheur avec Nedjma et laisse sentir une possibilité d'avenir plus doux pour cet enfant.


Ce film nous montre la dureté de la guerre et nous démontre que la liberté ne s'acquiert pas en un claquement de doigts. Qu'il faut se battre tout le temps et de n'importe quelle façon.


Ghislaine, Dilara, Célia

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