Jeanne, un film à ne pas juger trop vite


« Jeanne » est un film historique de Bruno Dumont, suite de son précédent film Jeanette. Paru dans la sélection officielle du Festival de Cannes 2019, ce film conte l’histoire de Jeanne d’Arc, lors de sa tentative de récupération du territoire français. Jeanne suit ses convictions en tentant de reprendre Paris aux anglais, pendant que ses alliés s’interrogent sur l’implication des voix de Jeanne dans ses actes. Ce film a été accueilli de façon mitigée par le public, qui critiquait principalement le jeu d’acteur étrange qui rendait les scènes comiques.

« Jeanne » se démarque des autres films du même genre, de part son côté musical et théâtral, qui lui apporte une certaine autodérision que je pense volontaire. Selon moi, ce film doit être vu, non pas comme un film justement, mais comme une pièce de théâtre, les entrées et sorties des personnes annoncées y font par ailleurs penser. Le personnage principal, Jeanne, seul personnage vraiment réaliste, est au cœur de l’intrigue. Nous suivons ses doutes, ses espoirs, ses convictions. Le réalisateur a choisi une enfant pour incarner ce rôle : ce choix est très pertinent, Jeanne d’Arc étant morte à 19 ans, et même si l’actrice est plus jeune que la vraie Jeanne d’Arc, cette apparence illustre l’âme innocente de Jeanne, qui découvre un monde corrompu et injuste. Nous voyons le film à travers ses yeux d’enfant, ce qui explique les personnages caricaturaux et exagérés que l’on rencontre tout au long du film. Tout cela représente la vision simple du monde de Jeanne. Le récit commence par Jeanne, priant, ce qui nous introduit sa dévotion envers Dieu. Lors des batailles dans les collines, nous suivons le côté stratégique de la guerre et non l’action, se qui change contrairement à la plupart des films en pleine guerre. La fin inévitable de ce film nous ramène à la réalité après un film qui en paraissait déconnecté. Les plans sont très bien pensés, comme les plans en plongée lorsque Jeanne prie son Dieu, ou encore les nombreux gros plans nous permettant de nous immiscer dans les pensées profondes des personnages. Les chants transmettent parfaitement les sentiments forts dans ce film, et sont toujours placés au bon moment. La musique est très répétitive, et s’arrête lorsque les personnages commencent à parler. Pour moi, elle représente le flot de pensée de Jeanne, qui se stoppe quand on l’en tire en s’adressant à elle. Dans la scène finale, la pureté et la détermination de Jeanne qui ont été montrée durant tout le film sont à leur apothéose, et le spectateur arrive à la fois à se sentir triste pour cette enfant qui meurt trop tôt et soulagé d’enfin voir le dénouement inévitable qui traînait en longueur.
Ce film peut donc paraître étrange et sans vraiment de sens à première vue, mais lorsque l’on porte notre attention dessus, on remarque qu’il vaut vraiment le coup d’œil.

Célia FRANCESCHETTO

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